Hier, 3 février 2011, Edouard Glissant nous a quitté. C'est avec une grande tristesse que j'ai appris la nouvelle.
La dernière fois que je l'ai vu, il était de passage à Londres, il y a 3 ans. Il présentait une conférence à la Serpentine Gallery. La Serpentine Gallery, connue pour ses expositions d'art contemporain, venait de changer de directeur qui était un profond admirateur de l'œuvre d'Edouard Glissant. Il y lût un manifeste (co-écrit avec Patrick Chamoiseau) sur l'identité à une époque où N. Sarkozy avait décidé de créer un ministère de l'identité nationale. J'étais à la fois émue de le revoir et étonnée de me rendre compte de sa renommée. Un auteur de notre petite île Martinique attirait tant de monde venant de toute part, personnes absolument fascinées par cette personnalité et par son discours sur la créolisation. Tout un chacun s'abreuvait de son discours, comme s'ils comprenaient au fond d'eux-même, comme si son discours faisait vibrer quelque chose en eux.
Ce fut pour moi, une sorte de prise de conscience. Comment avais-je pu le côtoyer et ne pas entendre son discours? Comment pouvais-je être Martiniquaise et ignorer son discours alors même que tous ces gens étrangers à la Martinique y trouvaient une sorte d'inspiration, un sens?
Timidement, j'ai commencé à lire quelques œuvres antillaises, ou plutôt j'ai entamé ce projet d'en lire quelques unes. J'en ai lu si peu depuis. Mais, j'ai redécouvert que venir d'une m'apportait une richesse, un point de vue différent mais qui pouvait être partagé et apprécié.
Aujourd'hui qu'Edouard n'est plus là, je me rends compte que je n'ai pas essayé de profiter du temps présent pour échanger, discuter avec lui lorsque j'en avais l'occasion. Je n'en avais pas l'envie à l'époque, ni conscience que ce serait une opportunité que je perdrais un jour.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
2 commentaires:
Ne t'en fais pas... la meilleure forme de lui rendre hommage c'est en lisant ses oeuvres maintenant. Comme ça, ce sera jamais une opportunité perdue.
C'est vrai, il faut commencer par là. J'ai déjà lu la Lézarde, il faudra s'atteler au Traité du Tout Monde et à Faulkner, Mississipi pour lequel il a été nomné au Prix Nobel, si je ne me trompe pas.
Enregistrer un commentaire