vendredi, mars 04, 2011

Black Swan 7/10

Mardi soir, j'ai vu Black Swan avec Natalie Portman et Vincent Cassel.

Le film traite d'une ballerine, Nina, choisie pour interpréter, dans une version revisitée du Lac des Cygnes,  les rôles du fragile cygne blanc et de son envoutant double maléfique le cygne noir. Nina est parfaite techniquement pour jouer le cygne blanc, mais il lui manque cette passion qui fera d'elle une interprète envoutante du cygne noir. Dans sa quête de l'interprétation parfaite, sa schizophrénie va s'éveiller jusqu'à la détruire.

Je n'ai pas aimé ce film. Je ne l'ai peut-être pas compris d'ailleurs. Mais j'ai adoré la chute du film, lorsqu'après la 1ère représentation mémorable et exutoire du ballet, Nina est heureuse et satisfaite, enfin libérée, elle dit " I felt it, it's perfect " avant de s'éteindre. Cette chute m'a laissé songeuse. D'une part parce qu'elle laisse entendre que cela vaut la peine de se sacrifier pour atteindre la perfection et d'autre part pour cette éloge de l'émotion et de la passion qui transcende la technicité.

J'ai particulièrement aimé cette piqûre de rappel: la perfection technique s'il en est, n'est pas suffisante pour atteindre une certaine perfection, surtout en matière artistique. Il faut y ajouter une touche d'émotion. Cette sublime émotion, ce je ne sais quoi insaisissable et indéfinissable.

Et surtout, cette émotion ne peut pas surgir de la pureté seule.

Cela me rappelle donc cet épigraphe que j'aime tant d'Agrippa d'Aubigné dans les "Fleurs du Mal" de Baudelaire :

"On dit qu'il faut couler les exécrables choses
 Dans le puits de l'oubli et au sépulcre encloses,
 Et que par les écrits le mal ressuscité
Infectera les moeurs de la postérité
Mais le vice n'a point pour mère la science,
Et la vertu n'est pas fille de l'ignorance."

Certes, il est assez difficile de faire un parallèle direct entre le beau, la pureté technique, la passion, l'émotion, le vice, la science et l'ignorance, mais  de la même manière que par les écrits le ma ressuscité n'infectera pas forcément les moeurs de la postérité, la passion - le désir charnel, un grain de folie- peuvent aussi permettre à l'artiste de transcender sa rigueur technique et de créer une oeuvre originale et sublime qui touchera son public.

 N.B. Même si je n'ai pas aimé le film, je dois reconnaître que Vincent Cassel y est plutôt sexy (je ne m'en étais jamais rendu compte auparavant) et qu'il joue à merveille son rôle de maître de ballet un tantinet séducteur. Je reconnais aussi que pour une fois Natalie Portman mérite vraiment le titre d'actrice (à part dans "Paris je t'aime", ses apparitions dans V de Vendetta et dans Star Wars avaient été plutôt désastreuses à mon humble avis). Je n'ai pas aimé le traitement de la schizophrénie peut-être un peu trop classique ou trop obscur à mon goût. Ou peut-être n'ai-je rien compris du tout:  finalement le personnage de Lily (impeccablement joué par Mila Kunis) existait-il réellement ou était-il une simple création de l'esprit de Nina?

Edit: j'ai revu le film et il est beaucoup mieux sans les scènes un peu dures de folie... J'ai donc remonté sa note de 6/10 à 7/10.

lundi, février 21, 2011

The future of the brain

Une fois n'est pas coutume, ce week-end, j'ai lu un article du magazine la Recherche sur la plasticité du cerveau et sur la manière dont la lecture recycle les neurones. Voir l'article ici qui m'a rappelé une vidéo découverte il y a quelques mois alors que, en navigant sur Flickr, je suis tombée sur les photos de Helen Sotiriadis et tout particulièrement l'une de ses photos où elle commentait sa progression photographique (la photo ici). Elle y mettait un lien vers une vidéo de Susan Greenfield traitant du cerveau: susan greenfield: the future of the brain.

La vidéo est asse longue, 73 minutes en anglais, mais elle présente quelques résultats assez captivants. Susan Greenfield rappelle que le cerveau est l'essence de chacun de nous, de notre personnalité. Elle insiste beaucoup sur la plasticité du cerveau et la manière dont il se modèle petit à petit en fonction de nos expériences. Son exposé mène à essayer d'imaginer l'impact des nouvelles technologies et de la culture de l'écran (jeux vidéo, usage accru d'internet) sur le cerveau et notre manière d'être, de fonctionner, de réfléchir, de prendre des décisions et d'intéragir.

Ce qui m'a le plus étonnée, c'est l'expérience menée sur l'impact cérébral de l'apprentissage du piano sur différents groupes de personnes n'ayant jamais joué du piano auparavant (voir minutes 8-10 de la vidéo). Elle étudie 3 groupes de personnes: un groupe de contrôle qui n'apprend pas le piano et qui ne fait que regarder l'instrument, un groupe qui suit quelques séances de cours de piano et un autre groupe qui s'imagine en train de jouer et d'apprendre du piano, une sorte d'entraînement mental. Le résultat de l'étude? Apparemment, l'entraînement mental marquait le cerveau d'une manière presque similaire (un peu moins) à un réel entraînement pratique et physique des cours de pianos!

Certes, cette petite étude ne montre pas l'efficacité de cet entraînement mental à l'heure de jouer réellement du piano, mais je reste étonnée du fait que le simple fait de penser aie pu changer le cerveau et les connexions entre les neurones, le stimuler presque autant que l'expérience elle-même. 

Il faudra que j'essaye l'entraînement mental avec la capoeira pour voir à quel point m'imaginer dans un jogo ou en train répéter un mouvement pourra réellement m'aider à l'entrainement physique :-)

mercredi, février 16, 2011

Vulnerability...

Grâce à Colleen, je suis tombée sur cette vidéo de Brenée Brown, "chercheuse et conteuse d'histoire" qui m'a fait réfléchir un peu.

Durant cette conférence, Brenée raconte comment, après des années de recherche, elle est arrivée à la conclusion qu'être capable d'accepter sa vulnérabilité sans faux-fuyants permettait de vivre pleinement chaque moment de notre existence et d'embrasser le bonheur et "le sentiment d'appartenance".

Les exemples de situation de vulnérabilité qu'elle cite sont nombreux: avoir peur de se lancer dans une nouvelle relation dont on ne sait pas si elle va marcher ou pas à l'avance, craindre d'être viré, crainte d'avoir à virer quelqu'un, avoir à demander de l'aide, attendre la réponse d'un médecin au sujet d'une maladie. Elle conclut: "Nous vivons dans un monde de vulnérabilité et nous avons tendance à chercher à ne plus ressentir les sentiments pénibles, mais cela fait que l'on ne ressent plus non plus pleinement ni la joie, ni le bonheur, et finalement, on se sent vulnérable et misérable." Elle invite à chercher pourquoi et comment on chercher à anesthésier la vulnérabilité: on essaye de rendre l'incertain certain, on cherche à tout perfectionner et on prétend que ce qu'on dit n'affecte pas les autres.  Être parent ce n'est pas répéter à un enfant qu'il est parfait ni essayer de le rendre parfait, c'est l'éduquer pour qu'il sache que même si la vie n'est pas facile et même s'il devra faire face et résoudre de nombreux problèmes dans sa vie, il mérite d'être aimé pour ce qu'il est. 

Et elle conclut qu'il faut pratiquer la gratitude, aimer de tout son coeur même sans garantie, accepter le fait que nous sommes ce que nous sommes, et que cela suffit largement, c'est le "I am enough". Elle conclut humblement "That's all I have".

J'ai beaucoup aimé sa manière de raconter son histoire. J'ai envie d'y croire, au moins sur le plan personnel, puis j'aimerais savoir comment l'appliquer sur le plan professionnel.

Finalement, être capable de dire "je ne sais pas", ou de poser une question a priori stupide en public, c'est aussi montrer à l'autre qu'on ne se croit pas supérieur à lui, et que finalement chacun peut apporter sa pierre à l'édifice.

Voici le lien: http://www.ted.com/talks/brene_brown_on_vulnerability.html

vendredi, février 04, 2011

De la renommée et du temps présent

Hier, 3 février 2011, Edouard Glissant nous a quitté. C'est avec une grande tristesse que j'ai appris la nouvelle.

La dernière fois que je l'ai vu, il était de passage à Londres, il y a 3 ans. Il présentait une conférence à la Serpentine Gallery. La Serpentine Gallery, connue pour ses expositions d'art contemporain, venait de changer de directeur qui était un profond admirateur de l'œuvre d'Edouard Glissant. Il y lût un manifeste (co-écrit avec Patrick Chamoiseau) sur l'identité à une époque où N. Sarkozy avait décidé de créer un ministère de l'identité nationale. J'étais à la fois émue de le revoir et étonnée de me rendre compte de sa renommée. Un auteur de notre petite île Martinique attirait tant de monde venant de toute part, personnes absolument fascinées par cette personnalité et par son discours sur la créolisation. Tout un chacun s'abreuvait de son discours, comme s'ils comprenaient au fond d'eux-même, comme si son discours faisait vibrer quelque chose en eux.
Ce fut pour moi, une sorte de prise de conscience. Comment avais-je pu le côtoyer et ne pas entendre son discours? Comment pouvais-je être Martiniquaise et ignorer son discours alors même que tous ces gens étrangers à la Martinique y trouvaient une sorte d'inspiration, un sens?

Timidement, j'ai commencé à lire quelques œuvres antillaises, ou plutôt j'ai entamé ce projet d'en lire quelques unes. J'en ai lu si peu depuis. Mais, j'ai redécouvert que venir d'une m'apportait une richesse, un point de vue différent mais qui pouvait être partagé et apprécié.

Aujourd'hui qu'Edouard n'est plus là, je me rends compte que je n'ai pas essayé de profiter du temps présent pour échanger, discuter avec lui lorsque j'en avais l'occasion. Je n'en avais pas l'envie à l'époque, ni conscience que ce serait une opportunité que je perdrais un jour.

Qui suis-je?