Dans la série l'actu est un feuilleton avec plein de rebondissements. Voici l'histoire du piratage de Sony Pictures.
La Saga du piratage de Sony a offert de nombreuses surprises qui se sont ramifiées bien au-delà de la thématique de la sécurité informatique. En voici le récit.
Le 22 novembre 2014, Sony Pictures fut victime d'une attaque de piratage informatique. De nombreux emails et projets de films furent exposés ainsi que des données extrêmement confidentielles comme des fichiers sur les coûts médicaux dépensés pour certains employés, des salaires de stars révélés. Après la révélation des salaires des stars masculines du film nominé aux oscars American Hustle, l'agent de Jennifer Lawrence aurait porté réclamation. Des emails échangés entre de hauts dirigeants de Sony avant leur rencontre de Obama, considérés comme racistes par certains médias, auraient relancé le débat sur le racisme à Hollywood, créant des vagues faisant écho aux récentes interviews de Chris Rock qui traitaient du sujet. J'imagine que ce racisme supposé fera moins de bruits que les commentaires publiés sur Angelina Jolie ou autres démonstrations sur la manière dont fonctionne Hollywood... Quant aux informations médicales publiées, elles pourraient bien lancer des débats sur la quantité d'informations confidentielles détenues par les employeurs et l'usage qu'ils en font. À suivre.
Assez rapidement, les suspicions se sont tournées vers la Corée du Nord (je ne pensais même pas qu'ils avaient internet là-bas, et donc, encore moins de bons pirates informatiques). Des hackers nord-coréens auraient ciblé Sony Pictures pour protester contre le subversif film "The Interview", une comédie, une farce dit-on, qui traiterait de l'assassinat (commandité par la CIA) du leader actuel de la Corée du Nord par deux journalistes animant un programme de satire américain. Le projet est osé, voire déplacé. D'aucuns se demandèrent comment Sony, entreprise japonaise, a bien pu approuver un tel projet mettant en cause le leader actuel de leur voisin si proche: serait-ce un signe de l'incapacité de Sony de gérer leur empire?
Alors, la Corée du Nord est-elle responsable de cette attaque? Le FBI l'aurait confirmé le 19 décembre, arguments à l'appui. Bien entendu, la Corée du Nord aurait nié avec véhémence et invité les États-Unis à une enquête conjointe, invitation déclinée par ces derniers. Certains articles pointent vers d'autres directions. Nous verrons bien qui bluffe dans cette affaire.
Le piratage de Sony Pictures est rapidement considéré comme un problème de sécurité nationale, rien de moins, par les USA. Entre temps, le groupe de hackers, Guardians of Peace, qui revendique l'attaque menace de mener des attaques ciblés sur tous les cinémas qui oseront présenter le film au public. Les grandes chaînes de cinéma américaines AMC et Legal craignant probablement des attaques à la bombe indiquent qu'elles ne présenteront pas le film. Sony décide aussi de renoncer à la sortie du film "The Interview" qui a pourtant coûté $44 million. C'est alors que le président Obama monte au créneau: Sony a eu tort de faire marche arrière face à ce que le président décrit comme une tentative de censure par des pirates et cela mettrait en cause l'une des cinq libertés* fondamentales américaine: la liberté d'expression. Sony aurait dû consulter le président, rien de moins, avant de renoncer à la sortie de sa comédie. L'histoire de piratage est donc doublement une affaire d'État parce qu'il s'agit d'une menace de la sécurité nationale américaine et une atteinte à la liberté d'expression.
Branlebas de combat. Sony ne veut pas perdre la face et annonce rechercher des alternatives pour diffuser le film, devenu un symbole des valeurs américaines. Des négociations pour une publication en ligne seraient difficiles car les plateformes craigneraient d'être victimes de piratage à leur tour.
Finalement, les cinémas indépendants voient une opportunité dans cette histoire. Sous couvert de patriotisme, 300 cinémas indépendants permettront la sortie du film sur le territoire américain le 25 décembre 2014. Entre temps, un deal est signé pour une diffusion payante ($5.99 en location et $14.99 en vente HD) en ligne, sur Google Play, Microsoft XBox, sur un site dédié et notamment sur You Tube qui tire son épingle du jeu pour se faire voir comme un allié de l'industrie du cinéma plutôt qu'en média de piratage des oeuvres cinématographiques. Une belle pirouette pour YouTube. Le film sortira effectivement les 24 et 25 décembre. Il aurait fait de modestes recettes ($1 million) dû à sa sortie limitée mais il serait en première place des ventes de Google Play. Pour l'industrie du cinéma, la sortie simultanée en ligne et dans les salles semble aussi être une première et pourrait bien marquer un avant et un après pour l'industrie.
Des pannes sur les systèmes de Sony et XBox le jour de Noël auraient été revendiquées par un autre groupe de hackers, toujours pas confirmées par les intéressés.
Finalement, la comédie The Interview aura bénéficié du buzz autour de cette histoire de piratage. Elle est passé du statut de farce osée voire déplacée à celui d'icône patriotique, d'étendard défendant la liberté d'expression américaine.
Ce feuilleton a intéressé le milieu des affaires car elle touche le modèle de diffusion de l'industrie du cinéma, les politiques vues les tensions avec la Corée du Nord et les experts en informatique qui se frottent les mains autour du business de la sécurité des entreprises dont les serveurs ne sont pas préparés pour faire face à la cyber guerre.
Le 22 novembre 2014, Sony Pictures fut victime d'une attaque de piratage informatique. De nombreux emails et projets de films furent exposés ainsi que des données extrêmement confidentielles comme des fichiers sur les coûts médicaux dépensés pour certains employés, des salaires de stars révélés. Après la révélation des salaires des stars masculines du film nominé aux oscars American Hustle, l'agent de Jennifer Lawrence aurait porté réclamation. Des emails échangés entre de hauts dirigeants de Sony avant leur rencontre de Obama, considérés comme racistes par certains médias, auraient relancé le débat sur le racisme à Hollywood, créant des vagues faisant écho aux récentes interviews de Chris Rock qui traitaient du sujet. J'imagine que ce racisme supposé fera moins de bruits que les commentaires publiés sur Angelina Jolie ou autres démonstrations sur la manière dont fonctionne Hollywood... Quant aux informations médicales publiées, elles pourraient bien lancer des débats sur la quantité d'informations confidentielles détenues par les employeurs et l'usage qu'ils en font. À suivre.
Assez rapidement, les suspicions se sont tournées vers la Corée du Nord (je ne pensais même pas qu'ils avaient internet là-bas, et donc, encore moins de bons pirates informatiques). Des hackers nord-coréens auraient ciblé Sony Pictures pour protester contre le subversif film "The Interview", une comédie, une farce dit-on, qui traiterait de l'assassinat (commandité par la CIA) du leader actuel de la Corée du Nord par deux journalistes animant un programme de satire américain. Le projet est osé, voire déplacé. D'aucuns se demandèrent comment Sony, entreprise japonaise, a bien pu approuver un tel projet mettant en cause le leader actuel de leur voisin si proche: serait-ce un signe de l'incapacité de Sony de gérer leur empire?
Alors, la Corée du Nord est-elle responsable de cette attaque? Le FBI l'aurait confirmé le 19 décembre, arguments à l'appui. Bien entendu, la Corée du Nord aurait nié avec véhémence et invité les États-Unis à une enquête conjointe, invitation déclinée par ces derniers. Certains articles pointent vers d'autres directions. Nous verrons bien qui bluffe dans cette affaire.
Le piratage de Sony Pictures est rapidement considéré comme un problème de sécurité nationale, rien de moins, par les USA. Entre temps, le groupe de hackers, Guardians of Peace, qui revendique l'attaque menace de mener des attaques ciblés sur tous les cinémas qui oseront présenter le film au public. Les grandes chaînes de cinéma américaines AMC et Legal craignant probablement des attaques à la bombe indiquent qu'elles ne présenteront pas le film. Sony décide aussi de renoncer à la sortie du film "The Interview" qui a pourtant coûté $44 million. C'est alors que le président Obama monte au créneau: Sony a eu tort de faire marche arrière face à ce que le président décrit comme une tentative de censure par des pirates et cela mettrait en cause l'une des cinq libertés* fondamentales américaine: la liberté d'expression. Sony aurait dû consulter le président, rien de moins, avant de renoncer à la sortie de sa comédie. L'histoire de piratage est donc doublement une affaire d'État parce qu'il s'agit d'une menace de la sécurité nationale américaine et une atteinte à la liberté d'expression.
Branlebas de combat. Sony ne veut pas perdre la face et annonce rechercher des alternatives pour diffuser le film, devenu un symbole des valeurs américaines. Des négociations pour une publication en ligne seraient difficiles car les plateformes craigneraient d'être victimes de piratage à leur tour.
Finalement, les cinémas indépendants voient une opportunité dans cette histoire. Sous couvert de patriotisme, 300 cinémas indépendants permettront la sortie du film sur le territoire américain le 25 décembre 2014. Entre temps, un deal est signé pour une diffusion payante ($5.99 en location et $14.99 en vente HD) en ligne, sur Google Play, Microsoft XBox, sur un site dédié et notamment sur You Tube qui tire son épingle du jeu pour se faire voir comme un allié de l'industrie du cinéma plutôt qu'en média de piratage des oeuvres cinématographiques. Une belle pirouette pour YouTube. Le film sortira effectivement les 24 et 25 décembre. Il aurait fait de modestes recettes ($1 million) dû à sa sortie limitée mais il serait en première place des ventes de Google Play. Pour l'industrie du cinéma, la sortie simultanée en ligne et dans les salles semble aussi être une première et pourrait bien marquer un avant et un après pour l'industrie.
Des pannes sur les systèmes de Sony et XBox le jour de Noël auraient été revendiquées par un autre groupe de hackers, toujours pas confirmées par les intéressés.
Finalement, la comédie The Interview aura bénéficié du buzz autour de cette histoire de piratage. Elle est passé du statut de farce osée voire déplacée à celui d'icône patriotique, d'étendard défendant la liberté d'expression américaine.
Ce feuilleton a intéressé le milieu des affaires car elle touche le modèle de diffusion de l'industrie du cinéma, les politiques vues les tensions avec la Corée du Nord et les experts en informatique qui se frottent les mains autour du business de la sécurité des entreprises dont les serveurs ne sont pas préparés pour faire face à la cyber guerre.
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The Interview saga, step by step. Tiré du site BBC website
The Interview features James Franco and Seth Rogen as two journalists granted an audience with Mr Kim. The CIA then enlists the pair to assassinate him.
- 22 November: Sony computer systems hacked, exposing embarrassing emails and personal details about stars
- 7 December: North Korea denies accusations that it is behind the cyber-attack, but praises it as a "righteous deed"
- 16 December: "Guardians of Peace" hacker group threatens 9/11-type attack on cinemas showing film; New York premiere cancelled
- 17 December: Leading US cinema groups say they will not screen film; Sony cancels Christmas Day release
- 19 December: FBI concludes North Korea orchestrated hack; President Obama calls Sony cancellation "a mistake"
- 20 December: North Korea proposes joint inquiry with US into hacks, rejected by the US
- 22 December: North Korea suffers a severe internet outage; US authorities decline to comment
- 23 December: Sony bosses appear to change their minds, saying they will now give The Interview a limited Christmas Day release
- 25 December: The Interview is shown in some US cinemas and released online
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* liberté de la presse, liberté d'expression, liberté de religion, liberté de pétition et d'assemblée
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